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Apparitions de la Vierge Marie à Neubois
L'endroit où eurent lieu les apparitions est à deux kilomètres du village de Neubois, appelé à l'époque Krüth, à mi-hauteur de la montagne, et à égale distance des ruines du château du Frankenbourg.
Il y a à cet endroit une vaste clairière, au milieu de la forêt, d'où l'on jouit d'un magnifique panorama.
On aperçoit la commune de Scherwiller et le château de l'Ortenbourg.
Avant d'entrer dans la clairière, on voit du regard de nombreux villages, dont Thanvillé, Saint-Pierre-Bois et l'église de Saint-Gilles perchée un peu au-dessus des deux villages.
Plus haut on aperçoit les cimes de l'Ungersberg.
D'un autre côté on voit le Val de Villé parsemé de villages.
Aujourd'hui, à la clairière, se trouve une statue de Marie (mère de Jésus), une statue de l'Archange Saint Michel terrassant le dragon, une petite statue de saint Joseph, une chapelle avec une grande croix et un chemin de croix avec ses douze stations. C'est à cet endroit que serait apparue la Sainte Vierge. *
En 1872, quand commencèrent les apparitions, l'Alsace était annexée à l'Allemagne depuis plus d'un an et le nom le plus usuel du village était celui de Krüth.
En vérité, le village a trois noms :
Neubois, Krüth, Gereuth ( le nom allemand).
Dans le contexte de l'occupation allemande et antireligieux de l'époque, un Alsacien se rend en Italie et rencontre une mystique nommée Palma-Maria-Addolarata Matarelli (1825-1888) d'Oria, plus tard religieuse de Notre-Dame des Douleurs qui lui parle de l'Alsace-Lorraine.
Elle lui dit qu'il arrivera bientôt des choses merveilleuses :
"...une apparitions en juillet 1872 doit avoir lieu en Alsace-Lorraine".Le dimanche 7 juillet 1872, en date de la fête du Précieux Sang, la Vierge Marie apparait tout d'abord à l'office du soir dans l'église Saint-Nicolas de L'Hôpital à Marie Françoise Clémentine Girsch, âgée de onze ans.
Elle décrit l'apparition comme une belle femme aux cheveux blonds et longs, portant une couronne sur la tête. Sa robe blanche est brillante. La Vierge Marie tend ses bras en avant. Dans sa main droite elle tient une boule blanche d'où tombent des gouttes d'eau, dans sa main gauche elle tient une boule noire d'où tombent des gouttes de sang. À sa droite se tiennent des soldats français, à sa gauche se trouvent des soldats armés d'épées.
À L'Hôpital (Moselle) qui portait le nom de Spittel in Lothringen, ces événements sont restés très discrets.
Clémentine Girsch est qualifiée selon les rapports de l'époque de petite fille sage, posée et réservée. Elle restera très discrète sur ces événements. Elle est née le 3 décembre 1861 à Carling. Le 9 février 1880 elle épouse à L'Hôpital, Ambroise Renard, instituteur et maire de Carling (1855-1941) et sera mère de deux enfants. Elle décèdera à Strasbourg le 13 janvier 1944.
Le même jour à Neubois, cette même apparition se manifeste à quatre fillettes âgées de 7 à 11 ans qui se promènent au pied d'une montagne appelée Schlossberg, à la recherche de myrtilles.
Soudain, une dame blanche portant sur la tête une couronne d'or, s'avance vers elles. Effrayées, elles s'enfuient à toutes jambes. C'est la première apparition de toute une série qui mettra en émoi le paisible village de Neubois.
Le 11 juillet 1872, la Vierge Marie apparaît de nouveau sous la même forme dans la forêt de Neubois à Philomène Jehl (10 ans), Sophie Glock (11 ans), Marie Flick et d'autres enfants de l'école.
Elles entendent une voix fine dire :
« Kommet, Kommet! » (Venez, venez!).
Le 12 juillet, la 3ème APPARITION se manifeste à certaines filles d'un groupe accompagné d'une religieuse qui est aussi leur institutrice, sœur Madeleine.
Le 14 juillet 1872 l'apparition guide 6 filles dont ODILE MARTIN vers le sommet du FRANKENBOURG, chemin de La Vancelle.
Le 15 juillet 1872 tout un groupe d'enfants et d'adultes assistent à une apparition de la Vierge qui les appelle de nouveau :
« Kommet, Kommet! » (Venez, venez!) en direction du château de Frankenbourg.
Un vent violent se lève et on entend un son de cloches.
D'autres apparitions miraculeuses vont suivre.
Une petite chapelle provisoire sera érigée sur les lieux.
Le Kreisdirektor envoie un détachement de 50 soldats surveiller l'emplacement.
Le 7 septembre 1872, la police abat la chapelle ainsi que l'autel et défend aux fidèles l'accès aux lieux.
Le 8 septembre 1872 on assiste à une première guérison miraculeuse d'une jeune fille très malade.
D'autres apparitions et guérisons vont avoir lieu malgré l'hostilité de l'autorité prussienne qui fait afficher un panneau:
« L'accès sans autorisation du district 272829 est, par la présente, interdite selon l'article 368 du code pénal avec une peine allant jusqu'à 75 francs et un emprisonnement jusqu'à 15 jours. »
Le 11 septembre 1872, SOEUR MADELEINE est expulsée par les autorités et doit quitter Neubois.
Le 14 octobre 1872 un soldat prussien a une vision de l'enfant Jésus.
Les apparitions continuent.
L'évêque de Strasbourg, Monseigneur ANDRE RAESS est informé par une lettre de l'Apparition de L'Hôpital et de celles du Frankenbourg et reçoit lui-même un témoin des apparitions du Neubois.
Il reste réservé et prudent.
Le 11 novembre 1872, l'abbé Hotzmann, curé de Villé note :
" les apparitions sont de plus en plus fréquentes ".....
De nombreux pèlerins viennent sur les lieux.
Pour la seule journée du 3 février 1873..... on comptera 6000 pèlerins.
Le 4 mars 1873, les autorités prussiennes s'inquiètent de cette affluence et envoient un détachement de 150 soldats afin d'interdire l'accès des lieux.
Dans les jours et les mois qui suivent, d'autres enfants, mais aussi des adultes, sont persuadés d'avoir vu la Vierge Marie ou aperçu " la dame blanche", seule ou entourée d'anges ou ... de soldats.
La nouvelle de ces phénomènes extraordinaires se répand comme une traînée de poudre dans toute l'Europe centrale et méridionale, mais surtout en Allemagne et en France.
Un des lieux d'apparition s'appelait Krittacker….. acker veut dire champ. Le village était semble-t-il situé plus haut dans la montagne.
La montagne des apparitions]
Les différents endroits où les apparitions eurent lieu sont situés en dehors du village sur le flanc d'une montagne au sommet de laquelle on aperçoit le château du Frankenbourg situé à 703 mètres d'altitude.
Cette montagne est couverte de bois jusqu'au sommet.
Il faut d'ailleurs faire une distinction entre les deux noms :
Frankenberg est le nom de la montagne…
Frankenbourg est le nom du château.
Le château du Frankenbourg date de l'époque féodale et a été construit suivant les principes militaires du xie siècle.
Cela n'exclut pas l'hypothèse qu'un autre château ait pu exister antérieurement au même endroit à l'époque franque.
Ce qui est certain, c'est l'existence d'une forteresse sur la montagne du temps des Romains. Des monnaies constantiniennes trouvées au Frankenbourg entre deux enceintes prouveraient que les romains auraient aménagé un système défensif confirmant ainsi la position stratégique du lieu et l'opportunité de fortifications.
Il est probable que lors des combats opposant Francs et Alamans ces derniers aient utilisé les constructions romaines qui existaient à cet endroit.
La tradition veut que ce soit CLOVIS qui a fait construire le château du Frankenbourg et que son épouse Sainte Clotilde y ait prié pour obtenir la victoire de son mari pendant la bataille de Tolbiac. Plusieurs historiens ont attesté cette version.
L'abbé Nartz a écrit :
" Sigebert, cousin de Clovis, qui régnait à Cologne, appela à son secours contre les envahisseurs le roi des Francs Saliens Clovis. "
La bataille s'engagea près de Tolbiac (Zulpich) selun les uns, près d'Argentorate pour les autres.
Tolbiac serait d'après certains historiens près de Cologne, pour d'autres près de Strasbourg.
Ces diverses hypothèses conduisent à penser qu'il pourrait y avoir plusieurs Tolbiac et de ce fait il est souvent difficile dans les brumes du passé d'identifier le lieu réel des combats d'autrefois. Certains ont même avancé le nom de Scherwiller…. Des traces de bataille ont été trouvées comme l'emplacement probable du véritable Tolbiac.
Ces événements des apparitions sont relatés abondamment dans la presse locale et nationale et repris dans des brochures, ce qui ne fait qu'amplifier le phénomène.
Neubois connaît alors une affluence populaire extraordinaire !!!
Au mois de janvier 1873, la Reichsbahn vend plus de 80 000 billets de chemin de fer à destination du Val de Villé.
Une source d'eau miraculeuse est découverte.
Plusieurs personnes prétendent avoir été guéries.
Les conditions sont donc remplies pour que Neubois devienne le Lourdes alsacien !
Cette arrivée massive de gens commence à inquiéter l'administration allemande surtout que ces apparitions se teintent d'allusions et de propagande politiques :
LA SAINTE VIERGE VIENDRAIT POUR LIBERER L'ALSACE ET LA MOSELLE DU JOUG PRUSSIEN !
A Paris est éditée en 1874 une brochure au nom évocateur :
"LA RESURRECTION DE LA FRANCE ET LE CHATIMENT DE LA PRUSSE SONT PREDITS PAR MARIE AU FRANKENBOURG !"
L'armée est chargée d'interdire l'accès du lieu des apparitions, puis de l'ensemble du ban communal.
Les autorités religieuses restent très prudentes et sceptiques et conseillent la même attitude au chargé d'âmes de la paroisse, notamment à l'abbé Michel ULRICH qui recueille, avec une certaine naïveté, les témoignages des "voyantes" de sa paroisse.
Le curé Alphonse ADAM, qui lui succède en novembre 1876, puis l'abbé BOERSCH, à partir de 1879, prêtent une oreille moins attentive aux dépositions des visionnaires qui se font plus rares…
Avec un patient et minutieux travail d'enquête, ils réussissent à montrer que ces Apparitions sont nées de l'imagination des enfants, qui les uns après les autres, se sont rétractés.
Peu à peu le village retrouve sa sérénité....
Aujourd'hui, une petite chapelle rénovée s'élève dans la forêt, près de la source "Mudergottes Brennela"
elle rappelle aux promeneurs et aux pèlerins ces évènements "surnaturels".
L'érection à Neubois, en 1883, de la "Confrérie du Rosaire Vivant", a-t-elle des liens avec ces apparitions ?
De nos jours, le culte marial connaît dans le village une dévotion particulière et continue à attirer des pèlerins venus de près ou de loin et il reste de même à L'Hôpital (Moselle) une dévotion mariale particulière des habitants qui s'exprime par la construction d'une Grotte de Lourdes inaugurée le 3 octobre 1954.
http://myterieux.centerblog.net/573-des-apparitions-de-la-vierge-marie-a-neubois
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